GRÈVE : suis-je obligé(e) d’accepter les demandes de télétravail ?

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5 décembre 2019

Grève : suis-je obligé(e) d’accepter les demandes de télétravail ?

Depuis quelques semaines, l’annonce de grève conduit un grand nombre d’actifs à trouver l’organisation adéquate pour continuer à travailler. Si certains ont opté pour les congés et les RTT, l’alternative du télétravail est largement plébiscitée. Dans les faits, quels en sont les avantages et les inconvénients ?

En tant qu’employeur, suis-je dans l’obligation d’accepter une demande de télétravail ?

La première réponse qui vient à cette question est purement juridique. En dépit de la loi Macron de 2017 qui a permis d’assouplir un certain nombre de règles et de sortir du carcan juridique dans lequel il était plongé, le télétravail n’est pas une obligation. Il nécessite obligatoirement l’accord de l’employeur.

Avocats et juristes en droit social sauront vous expliquer bien mieux que nous à quel point vous êtes dans votre bon droit en refusant une demande de télétravail, et ils auront raison !

Il n’existe pas de règlementation qui impose le télétravail même en cas de grève. D’autant plus que dans le cas présent, le préavis a été largement relayé par les médias et ne constitue donc pas un cas de force majeure.

Le télétravail est basé sur l’accord des deux parties (collaborateur/employeur) et n’est pas toujours possible en fonction du corps de métier

La question que l’on est en droit de se poser en tant qu’employeur est la suivante : Qu’est-ce que j’ai à gagner en refusant à mes collaborateurs de télétravailler ? Pour comprendre les bénéfices de ce système, posons-nous la question à l’envers.

Qu’est-ce que la mise en place du télétravail peut apporter à mon entreprise et à mes collaborateurs ?

La réponse la plus évidente est le maintien de l’activité. Soyons réalistes, peu importe d’où nos collaborateurs travaillent, ce qui importe est la continuité de l’activité. Hormis cet argument très conjoncturel, il existe de nombreux avantages à favoriser le télétravail.

Selon une étude de la DARES de 2015, le télétravail favorise la productivité. En effet, l’aller-retour entre le domicile et le lieu de travail prend en moyenne 50 minutes chaque jour. Ces trajets contribuent à la fatigue des collaborateurs, qui sont donc moins concentrés et moins productifs à leur poste de travail.

Qui dit télétravail, dit plus de liberté et plus grande autonomie. Là où l’on pourrait penser « Mon collaborateur est plus libre et autonome, mais qu’est-ce qui me garantit qu’il travaille ? », une étude de l’Observatoire du télétravail, des conditions de travail et de l’ergostressie (stress induit par l’utilisation des nouvelles technologies) démontre que 57% des collaborateurs travaillent davantage en situation de télétravail.

Le collaborateur en télétravail remplace naturellement son temps de trajet (qui n’est pas un temps de travail effectif) par un temps de travail efficace. Il existe plusieurs raisons à ce phénomène : pression sociale, moins d’interruption dans son travail, environnement plus calme…

Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : à savoir qu’il est judicieux de favoriser le télétravail pour que nos collaborateurs travaillent plus ! Je veux juste dire par là que la confiance favorise l’autonomie et la responsabilité. 😉

Autre argument : le télétravail a un impact positif sur la vie personnelle. Il permet d’organiser son temps et d’être présent aux moments forts de la vie de famille. En conciliant plus aisément vie professionnelle et personnelle, le télétravail contribue ainsi à une meilleure qualité de vie au travail.

Quels sont ces inconvénients et ces risques ?

Toutefois il existe des effets contreproductifs du télétravail intensif ! Non contrôlé et/ou trop fréquent dans des conditions non optimales, il peut altérer la qualité de vie professionnelle. En effet, au-delà d’un certain nombre de jours par mois, le télétravail conduit non seulement à une réduction des possibilités de coopération mais également à l’isolement des collaborateurs. Selon la DARES, plus le collaborateur est isolé physiquement du reste de l’équipe, moins les informations nécessaires à l’accomplissement de sa mission sont accessibles (perte d’information).

Pour le bien-être de vos collaborateurs et par extension pour celui de votre structure, il est essentiel de bien cadrer ce dispositif.

En définitive, le télétravail c’est comme beaucoup de sujets RH : c’est avant tout une question d’équilibre et de bon sens ! Dans le cas précis de la grève, il peut être tout à fait opportun de l’autoriser et d’assurer ainsi une continuité de l’activité.

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